Brian Boru Harp

Pour le facteur de harpe comme pour le luthier, des premiers coups de crayon jusqu’aux premières notes de musique, la réalisation d’un instrument de musique de sa propre conception est une expérience passionnante.
C’est souvent l’aboutissement d’un travail de recherches nombreuses et variées, pour arriver enfin à un compromis satisfaisant entre contraintes techniques, critères esthétiques et musicalité.
L’expérience acquise par ceux qui nous ont précédés nourrit notre travail mais chacun essaye d’apporter sa propre pierre.
Cette synthèse satisfaisante à un moment donné peut être remise en question plus tard, c’est une perpétuelle quête d’amélioration du travail qui est en marche.
Réaliser la réplique à l’identique d’un instrument de musique est une expérience qui diffère légèrement.
C’est un travail très enrichissant qui apporte un plaisir immense.
Certes, l’approche est méthodique : consultation de documents et lecture sur l’environnement direct de l’instrument sont un passage incontournable, ainsi que les nombreux croquis qui précèdent la mise au plan, étape primordiale avant le travail du bois.
Mais, malgré l’approche précise et méthodique, il y a une part de rêve dans ce travail, quant à essayer de restituer l’usure d’un dessin, une fente, un creux dans la gravure du bois.
On tente à chaque instant de capter le plus précisément possible ce qui fait l’intimité de l’instrument afin d’essayer d’appréhender au mieux le rendu sonore de l’instrument original.
C’est un parcours méticuleux et fascinant ponctué de réels moments de bonheur.

brian boru harp

Petit à petit on s’immerge complètement dans ce travail, les sections, l’élaboration des pièces de bois, tout rentre en considération car la musicalité de l’instrument est directement liée à sa conception.

Du recul et des temps de réflexion sont nécessaires autant que l’observation de l’instrument dont on réalise la copie.

Dans le cas précis de la Brian Boru harp exposée au Trinity Collège, malgré la dégradation du bois de la colonne et l’usure du bois de surface, j’ai trouvé l’instrument magique, ces proportions idéales lui donnent une élégance particulière.

Ne pouvant m’empêcher d’imaginer quel pouvait être le son produit par un tel instrument, la seule alternative possible et réponse à ma question fut alors pour moi de réaliser une réplique le plus proche possible de l’original.
L’impression que m’a fait cette harpe quand je l’ai vue pour la première fois et le fait que les gravures si minutieusement sculptées soient partiellement effacées ainsi que le bas de la colonne soit très dégradé ont contribué à me donner envie de réaliser une copie à l’identique de cette harpe pour essayer de restituer l’aspect que l’usure du temps lui avait volé.

Sur cet instrument, les seules différences avec la harpe originale résident dans le fait que les pierres ou cristaux manquants ont été rajoutés sur la copie ainsi que pour le bas de la colonne qui est en partie dégradée et restaurée en résine sur la harpe du Trinity College, j’ai prolongé les traits existants afin de retrouver partiellement le motif initial.

 

Photos Brian Boru harp